lundi 21 août 2006

Rêvons toujours les mêmes rêves aimés


Elle m'appelle cette voix,
tout au fond de mon coeur

Je voudrais ne rêver
que de rêves qui m'exhaltent

J'ai traversé des oceans de tristesse

Mais je sais que sur l'autre rive,
je te rencontrerais sûrement

Je suis ce voyageur qui répète
les mêmes erreurs

Mais qui connait le bleu du ciel
pour l'avoir exploré a chaque chute

Le chemin semble long et interminable
Mais je peux de ces deux bras,éteindre la lumière

Mon coeur cesse de battre
quand je te dis adieu

Mon corps vide et silencieux
tend l'oreille vers le monde

Le merveilleux de la vie,
le merveilleux de la mort

Les fleurs, le vent et les villes
participent du même merveilleux

Elle m'appelle, cette voix,
tout au fond de mon coeur

Rêvons toujours les mêmes rêves aimés
Plutôt que d'énumerer la ritournelle des malheurs

Servons nous des mêmes lèvres
pour chanter joyeusement

Cette voix enfermée
dans chaque souvenir

Conitnuons d'en écouter et d'en garder
precieusement le chuchotement

Au dessus du miroir
brisé en mille morceaux

Des milliers de nouveaux paysages
sont maintenant reflétés

A travers la fenêtre paisible
du premier matin

Mon corps vide et silencieux
va s'emplir d'une vie nouvelle

Plus besoins de chercher au delà des mers
L'étincelle du bonheur est là pres de moi

Je l'ai enfin trouvée
Elle est au fond de moi

wakako kaku

samedi 19 août 2006

vieux textes ... 15 ans ...

Je ne crie plus à la lune, mais au loup.La patte dans le piège, l'acier s'est refermé dans ma chair.
Mon sang bouillonne, mais son odeur m'est familière.
Que l'homme ne m'approche pas, je n’hésiterais pas a me venger, j'ai les crocs acérés.
Le piège s'est refermé sur moi, je me le suis crée.
Que personne ne s'approche, surtout si c'est pour m'aider...
Je suis en colère, je souffre, je me débats et j'ai mal.
Plus je tente de me débarrasser de cette chaine tranchante, plus la lame me déchire.
Je me vengerai, je me vengerai avec le verbe, mes crocs sont mes mots, je les crache comme un venin au premier qui arrive les mains vides.

"Je reviendrais avec des membres de fer, l’œil furieux."





Prise au piège

Elle avait le cœur encor gonflé d’innocence,
Enfant baignée par des rêveries insouciantes.
Ses doux yeux bercés par le refrain de l’enfance,
Son esprit étoilé, elle fuyait, filante.

Surgissant de l’ombre, une femme squelettique
L’agrippa dans son rêve et l’emprisonna.
Elle la fixa d’un regard froid métallique,
Pénétra son esprit, son corps et la broya.

Habitée par le vide, elle souffrait en silence.
Elle disparaît, existant par l’impalpable,
Flottant, fantomatique, subit la violence
D’une solitude au visage insupportable.

Elle erre depuis dans une prison dorée.
- Amoureuse de nuit, ivre de désespoir.
Elle vogue tristement, bruit de chaînes brisées.
Soudain, tombant, couchée dans les glaïeuls noirs.


Dans la nuit

A la lumière d’une bougie mal éclairé,
Une goutte d’argent qui roule sur sa joue,
Pleure mon tout petit, sous le ciel étoilé.
On perçoit des lésions, de ses reins à son cou.

Il sommeil tristement, dans un souffle pénible,
Des reflets vermeils, s’écoulent sur son visage.
Il rêve de ces mains, lourdes et insensibles,
Qui tombent sur lui le soir et qui le ravage .

Son corps frêle et nu tremble parmi les ombres,
Il tend l’oreille tel un moineau apeuré.
Des bruits de pas résonnent dans l’escalier sombre,
Le petit se cache comme un animal traqué.

Elle ouvre la porte, la mégère au cœur dur.
Et elle le roue de coups, surtout dans la gueule.
Et avec ses grosses mains, elle lui brise le fémur.
Et elle le laisse là, le petit, tout seul.




La petite fille pied nu

Elle saute de pierre en pierre
La petite fille pieds nus
Elle bondit comme les biches
La petite fille pieds nus
Elle chante pour les oiseaux
La petite fille pieds nus
Elle sèche ses larmes au vent
La petite fille pieds nus
Elle parle aux animaux
La petite fille pieds nus
Elle marche dans la rivière
la petite fille pieds nus
Elle glisse sur un caillou
La petite fille pieds nus
Elle crève sous le soleil
la petite fille pieds nus

A.S

dimanche 6 août 2006

Viens, je te fais le serment qu'avant toi, il n'y avait pas d'avant

Ma mère est tombée dans la boulimie à 23 ans et ensuite dans l'alcoolisme à 27 pour tenter de s'empêcher de criser car ça la fatiguait.Son père s'est suicidé quand elle avait 4 ans, il s'est tiré une balle dans la pièce à côté de sa chambre pendant la nuit. Je crois qu'elle ne s'en est jamais remise. Sa mère s'est remariée avec un Algèrien pendant la guerre d'Algérie. Les enfants l'ont très mal vécu. Elle avait un grand frère et une grande soeur. Et ensuite une petite demi-soeur et un petit demi-frère.
Seul sa grande soeur était présente le jour de son enterrement. Les autres n'ont pas voulu venir.

A 36 ans elle rencontre mon père. Il l'aime surtout car elle lui rappelle sa soeur.
La soeur de mon père s'est suicidée quand il avait 25 ans. Il s'est toujours senti un peu responsable de sa mort. Elle lui a téléphoné juste avant de se pendre, et il n'a pas su quoi dire exactement. Cela ressemble étrangement à ce qu'il s'est reproduit avec ma mère.Quand il a rencontré ma mère, il a trouvé une sorte d'opportunité de re-sauver sa soeur.

Elle m'a eu à 38 ans, après de longues années de réflexions car elle ne voulait pas d'enfants à la base.Mais finalement elle m'a eu.Relation extrêmement fusionnelle. J'étais son bébé, sa chérie ... Et moi j'étais investie d'un rôle sans le savoir à ma naissance: sauver ma mère. J'ai passé mon enfance à la porter, sans savoir que je la portais. Témoins de son alcoolisme et de sa boulimie quand mon père était au travail. Complètement perdue par la fulgurance de son changement de comportement quand mon père arrivait, ou un instant avant, elle m'insultait complètement ivre, et quand la porte s'ouvrait elle semblait avoir tous ses esprits.

A la base mon père ne voyait même pas que ma mère était malade. Ou il ne voulait pas voir, quoi qu'il en soit c'est moi qui m'en occupais, moi qui la consolais depuis mes 7 ans. Il ne m'a jamais délaissée de mon fardeau. Il ne s'est jamais posé de questions.On a tenté l'hospitalisation, mais c'était déjà trop tard ...Elle était déjà devenu folle. Plus on l'hospitalisait plus elle devenait folle. Elle se sauvait, on avait la trouille, elle menaçait de se suicider. Elle disait qu'on l'abandonnait, me harcelait au téléphone, raccrochait, refusait de nous parler. C'était cauchemardesque. Mon père ne savait plus quoi faire à ce moment la, car elle avait beau être loin, c’était pesant tout de même. Elle s'est fait viré d'une clinique de désintoxication pour avoir bu, enfin bon elle trouvait toujours quelquechose pour tout faire empirer.

Je ne pense pas qu'elle aurait voulu qu'on meurt ensemble finalement.
Je lui ai souvent dit,
-" si tu meurs tu m’emmènes, on le fait ensemble. "
Elle a dit oui. Et puis finalement elle est partie seule. Elle a attendue que je sois hospitalisée pour partir. Je pense qu'elle l'a fait exprès pour me protéger, qu'elle ne voulait pas que je voie ça, que je la trouve. Moi j'étais à l'hôpital. La veille c'était un jeudi. Elle était venue me rendre visite, j’attendais une copine qui devait passer, et je remercie le ciel qu'elle n'ait pas pu, car du coup j'ai parlé 2h durant avec ma mère. Notre dernière discussion.
Cela faisait une semaine que j'étais à l'hôpital et elle refusait de me voir. Je crois qu'elle avait réalisé ce qu'elle m'avait fait, et elle était à bout.On a discuté. Elle m'a dit qu’elle n’irait pas avec nous en vacances cet été, qu’elle irait chez sa soeur, qu’elle allait nous quitter. Je lui ai dit que c'était hors de question, que je ne vivrais pas sans elle.
Je me souviens je lui ai dit qu'on avait besoin l'une de l'autre, qu’elle pouvait pas vivre sans moi, et que je pouvais pas vivre sans elle. Alors elle a dit,
-" oui, c’est vrai, je reste avec toi. "
Après elle devait dîner avec mon père. Il m'a raconté qu'elle lui a dit:
-"j'avais décide de me suicider ce soir, mais j'ai changé d'avis",
et il n'a rien répondu, il ne savait pas quoi dire. Je suis sûr qu'elle avait changé d'avis à cause de ce que je lui avais dit. Je n’ai même pas pensé qu'elle allait se suicider ce soir là. Mais comme il n'a répondu elle a dit :
-"j'ai l'impression que ça t'es égal finalement".
Ils se sont couchés séparément, parce qu'elle dormait mal et lui aussi. Il a pris un cacheton, il a vu qu'elle était encore blindée de médocs, mais à force, il trouvait ça normal.C'est mon père qui l'a retrouvée morte à côté du lit. Elle était tombée du lit et il y avait une flaque de reflux à côté d'elle. A deux heures il s'est relevé parce qu'il l'entendait tousser, comme si elle s'étouffait. Mais comme il avait pris des médocs lui aussi, il avait du mal à émerger. Finalement au bout d'un moment, il est venu dans la chambre, et il l'a trouvé par terre. Quand il est arrivé dans la chambre, elle était tombée du lit. En fait elle s'est étouffée en dormant, une "fausse route", elle s'est vomi dans les poumons et avec les médocs elle n'a pas réagit.
Je sais pas si elle était déjà morte ou pas. Mais en tout cas, le temps qu'il appel le samu, quand ils sont arrivés, elle était morte.
Le lendemain je devais sortir de l'HP, et elle devait me chercher à 14h.
Je vais voir le psy le matin, pour faire le contrôle de sortie, et il me dit, c’est votre père qui va venir vous chercher. Je lui dis que non, c’est ma mère qui doit venir. Et puis je comprend plus rien alors j'appelle mon père. Il était mal, il me dit
-"j'arrive tout de suite",
je lui dit
-"qu'est ce qu'elle a maman? Elle est à l'hôpital?"
(J’ai tout de suite pensé à une ts, mais je n'ai pas pensé qu’elle ne s’était pas ratée), il me dit :
-" oui, j’arrive. "
Et je me poste devant la fenêtre. Et je pense, "comment je réagirais si il arrivait et me disait que ma mère était morte?"… Et je ressens rien...Rien ... Je me dis c’est pas possible, je ressentirais quelque chose, c’est que je me rend pas compte. Et j'essaye encore de me mettre dans la situation. Mais je ressens rien. Et je me dis, " tiens peut être que ça m'est égal que ma mère meurt. "
Et je vois la voiture arriver, je ne sais pas pourquoi je m'attendais tant à ce qu'il allait me dire. Et puis la porte s'ouvre, je le vois décomposé en larme arrivant à peine à sortir les mots
-"maman est morte, elle s'est suicidée cette nuit"
... Et moi presque en riant, je le croyait pas ... Et je lui dit :
-" mais non tu rigole, elle aurait fait ça comment ? "
-" Avec des médicaments " ...
C'est en allant a la morgue que j'ai réalisé. J'aurais voulu la garder comme ça pour pouvoir lui rendre visite tous les jours. Des fois je voudrais qu'elle soit encore à la morgue pour pouvoir la voir encore.J'ai eu un choc quand je suis rentré dans la pièce on aurait dit qu'elle dormait, mais ça se voyait qu'elle était morte. Et puis après je me suis habitué. J'étais contente de la voir. Elle avait les cheveux tout doux, parce qu'elle avait été chez le coiffeur la veille. C'est là que je me disais c'est pas possible, puisqu’elle a été chez le coiffeur la veille, elle voulait pas mourir. Mais je sais, qu’on choisi pas toujours le moment. Ca vous prend comme ça.

Je sais qu'elle l'a fait pour moi. Qu'elle l'a fait parce qu'elle souffrait, pour plein de raisons. Mais je sais aussi, que si elle l'a fait, c’était pour m'épargner. Parce qu'elle se rendait compte qu'elle pouvait plus vivre avec moi sans me faire du mal. Parce que c'était pas ce qu'elle voulait. Elle faisait du mal à mon père aussi. Elle arrivait plus à faire autrement c'était plus fort qu'elle, mais je sais qu’elle ne le voulait pas. Elle a fait ça pour tout ça. Parce qu'elle savait que mon père était fort, et qu'il s'occuperait bien de moi ... Qu'elle ne m’abandonnait pas complètement, qu’elle ne me laissait pas toute seule ... Elle s'est dit qu'on serait mieux sans elle. Je sais que j'ai raison. Ce n’est pas un truc que je me dis pour me rassurer, n’importe qui me confirme ça. Tout le monde sait qu’elle n’a jamais voulu me faire ce qu'elle m'a fait. Mais quand elle s'est rendue compte de l'ampleur des dégâts, c’est peut être la seule chose qu'elle a trouvé pour réparer. Et pour se sauver elle même. Elle était fatiguée.Je pense effectivement que mon père était destiné à me sauver. Et je pense qu'il l'a fait. Je ne sais pas où on en serait tous si elle était encore en vie.

Son geste englobe un million de choses. Elle, sa souffrance, la sensation d'être a bout, trop fatiguée pour avancer, la prise de conscience, etc. ...
Ca ne datait pas d'hier qu'elle y pense, mais beaucoup de choses sont rentrées en compte pour qu'elle agisse. Et je sais que ce n’était pas seulement un acte égoïste pour se libérer.
Le jour même, quand on se rendait aux pompes funestement père m'a dit :
-"Tu sais si elle l'avait pas fait, t’aurais jamais pu te séparer d'elle, t’aurais jamais pu grandir."
Elle ne m’aurait pas laissé grandir, on n’aurait pas pu se séparer. Je pense que son suicide était le cordon, coupé de façon brutale.
Mon père s'est remis avec une femme très bien. Mais c'est l'opposée de ma mère. Ca me fait bizarre, mais bizarrement je trouve qu'ils vont mieux ensembles, elle est plus comme lui. J'ai souvent l'impression qu'il a oublié ma mère et que je suis la seule à m'en souvenir.

J'ai perdu la seule personne au monde qui me comprenait totalement et que je comprenais totalement, mais la personne qui était le plus néfaste aussi, qui m'a fait le plus souffrir, le plus de mal.
Je l'ai suivi pour tout : destruction, souffrance, extrêmes, violence, dépendances ... Elle m'a incité, elle m'a emmené avec elle dans sa perte, elle m'a appris comment me détruire, toujours plus, toujours mieux ...
Et pourtant je la suis encore, j'ai en moi sa révolte, sa force d'anéantissement, j'ai cette souffrance que je gerbe au quotidien, je me fais evanescente pour la rattraper là haut, je me protège des rayons du bonheur avec une ombrelle de souffrance, je la suis, il le faut. Et pourtant ... la solitude ...
Je l'aime comme je n'ai jamais aimé, et je n'aimerais jamais plus.