samedi 5 juillet 2008

« si je pouvais retourner dans l’enfant que j’ai été » *


L’enfant qu’on est ou l’enfant qui n’est pas né.
J’ai perdu quelque chose derrière. Quelque part, quelqu’un ou quelque chose et mort, … ou quelqu’un dort encore ?
J’ai en moi, un cadavre d’enfant qui pourri mes viscères. Je l’aime. J’aime prendre l’enfant qui est en moi et le caresser, le cajoler, m’en occuper comme d’une mère. Petit être qui tète et me tient par son charme décharné.
Retrouver un corps d’enfant pour retourner dans l’enfant qui est en moi.
Mais ne faudrait-il pas le tuer ? Petit spectre malade qui me hante. Il est lié à la chaîne maternelle.
Qui s’auto-psychianalise se regarde le nombril ! On se regarde, on s‘admire, on se hait. Un petit couplet pour un miroir désenchanté.
J’ai soif de glace ! Depuis quand fond elle devant moi pour ouvrir sa bouche hideuse et me parler ? On dresse un miroir, le miroir de la mère, de la méchante mère, celle qui voulait du mal à la blanche neige, ou la maléfique qui endort la belle, elle tend son miroir à la petite fille en lui dictant la formule magique. Que dit tu ? Et la formule est partie dans la tombe.
Un miroir te dresse et te presse au mouroir. Chaude logorrhée mensongère.
Un songe mensonger, conte pour enfants ratés :
Il s’appelle Melancholia. On mêla sa noirceur à sa bile. On le prit à la naissance, on lui fit une césarienne, on lui peignit les entrailles en noir et on referme le ventre, le tout bien cousu pour qu’il n’accouche jamais de son mal. Lorsqu’il se regarde le nombril, il voit l’origine de sa souffrance, son enfant à lui, sa bile noire.
Il grandit avec un habit de deuil, qui lui ne grandissait pas. Au fil des années, son corps cloîtré dans ce costume amidonné s’étriqua. Il n’atteint jamais sa taille adulte. Sa bile noire le rendait malade. Mais la bile était bien ancrée, entravée dans les entrailles, alors pour se soigner, il la vomit. Elle en noircit d’autant plus son organisme. Il continu à se regarder le nombril, en se demandant qu’est ce qui pourrait bien le libérer, dénouer ces fils. Il s’ouvre lui-même le ventre pour aller chercher et fouiller. Au fond il n’y avait rien qu’un peu de vase.
Un petit être qui tète et s’entête à vouloir croire un mensonge. Seulement pour ne pas grandir.
Qu’est-ce qui est coincé derrière ?… à part mon cul ? Derrière c’est devant, il suffit de croire à son propre mensonge et se le réinventer. La fable se perd, elle a son compte de contes. Et puis tout s’épuise avec le temps. Est-ce que mentir à soi-même c’est fabuler ? Tu fabules, on se fait bulle, comme le papier, et on s’explose … de rire. Quand ça pète entre les doigts comme des petites mitraillettes, on y croit, c’est la guerre, c’est ça l’enfance aussi !
Il ne faut pas retourner dans l’enfant qui est en nous, il faut LE retourner, le placer haut, en haut et le brandir comme une victoire.

A.S

*(Macbeth heiner muller)