dimanche 21 octobre 2007

Boite de Pandore

Il est grand temps …

Je m’enfonce dans l’obscurité. Il est temps de laisser filtrer un peu la clarté. Vers la clarté … La lecture du journal d’Anaïs m’inspire, elle à cette écriture sereine, posé et un regard extérieur juste qui me pousse à me mettre en retrait de moi-même et à être plus en accord avec l’espace.
Je me souviens d’un jour où je rentrais en train, et où j’ai recouvert des choses simples que j’avais tant laissées s’assombrir. Je m’étais promis de le raconter, surtout ici, pour toi. Je me suis trop racontée et mon orgueil viscéral, mon déballage de frasques intérieur m’écoeure aussi.
J’ai toujours du plaisir à prendre le train, être entre deux destinations, en transition de la vie, peut être le seul juste milieu que je possède, le voyage.
Et là j’ai redécouvert la lumière. J’ai réalise que je n’avais regardé ou plutôt vu. Que j’ai passé mon temps à m’observer, observer l’humain, le psychologique, l’intérieur, et que je ne me suis jamais tournée vers l’extérieur.

A ce moment là, la nature m’a émue. Il y avait un éclairage particulier, les feuilles rougeoyantes pleuraient comme une pluie vermeille sur la campagne illuminée. Les près innondés de fleurs baignaient les chemins, les gens se promenaient dans un ravissement enfantin. Je les imaginais, en couple, en famille, profitant de ce soleil ondoyant, partageant un moment de grâce … Partager … Et j’eus la sensation pour la toute première fois de goûter au délices de la serenité, du calme de la nature. J’ai gardé en moi cet éclat d’une peinture chaleureuse que j’ai enfermé dans une boite de Pandore, une espérance de jours meilleurs. J’ai écris une fois, « Je voudrais retrouver celle que je suis. Je voudrais que dans mon ventre où pourrissent les damnés, au milieu des dépouilles, naisse une fleur. Alors je nourrirais ce bourgeon pour que pousse un lierre coloré et fleurit qui recouvre l'odeur fétide de la mort. Je voudrais qu'en moi éclose un jardin de vie qui surgisse et que sortent à travers moi toutes ces merveilles. Alors les gens me verront tel que je suis, pleine de couleurs. Une peinture inachevée mais prometteuse. »

J’ai dans ma boite mon bourgeon soigneusement déposé.

Pour Toi

A.S

L'inquiétante familiarité

Anaïs Nïn a écrit: « Le danger de la schizophrénie, c'est que le névrosé en état de choc recherche un autre choc pour s'éveiller, recherche la douleur. Et la douleur qu’il éprouve lui procure momentanément l’illusion d’être pleinement et totalement vivant. »

Et là, je repense au diagnostique erroné du psychanalyste des urgences quand j’avais dix-huit ans. Erroné je l’espère, j’en suis presque persuadé vu les dégâts que le traitement avait causés sur moi. Mais même si je suis presque certaine que je n’ai pas ce genre de trouble il persiste des inquiétudes, surtout quand je lis cet extrait du journal d’Anaïs comme un écho à ma propre expérience. J’ai toujours été fasciné par la douleur, par la souffrance. Je me plonge moi-même dans des états de profond accablement par plaisir. J’ai du mal à saisir ce paradoxe qu’il y a entre plaisir et souffrance. Pourquoi aie-je autant de satisfaction à me faire du mal ?
J’éprouve une réel fascination pour tout ce qui est déchéance, destruction.
Mais quand il y a destruction, il faut reconstruire. Je m’emploi péniblement à rebâtir mes charpentes pour les abattre régulièrement d’insatisfaction. Et pendant ces périodes de démolition minutieuse je construis en parallèle un monde que je trouve merveilleux, une scission entre le réel et le rêve, une cage que je tapisse de chimères, de fantasmes féeriques et monstrueux. Je suis actrice de ma propre pièce, je me joue à moi-même des tirades tragiques d’héroïne martyre, je mire mon reflet miséreux … Et pourtant … Si j’ai la force d’avouer comme à confesse cet extravagance narcissique cela ne m’empêche pas d’être en proie régulièrement à des angoisses délirantes.

Je ne saurais expliquer ce mécanisme répétitif qui me prend, lorsque je subie une anxiété trop forte et que s’ajoute par-dessus une émotion violente alors je pars dans une crise où mon esprit se scinde en deux, d’une part une partie consciente de l’absurdité qui me saisie, et de l’autre, une tempête de panique qui me fait perdre totalement la raison. Comme j’ai quand même conscience du regard de l’autre, j’ai le réflexe de m’isoler dans ces attaques qui me prennent subitement. J’ai le regard égaré, tout bruit devient source d’agression, la peur me tenaille, je deviens paranoïaque, le moindre rapprochement d’une personne me tend comme un arc, et je n’ai plus qu’une solution, fuir pour me cacher du monde.
Une fois seule, une fois que je sais que mon comportement démesuré ne sera pas observé, jugé, par l’autre, alors je tombe dans l’abîme la démence. Je suis l’arme la plus dangereuse contre moi-même. Et dans ces instants, ou le temps n’a plus de sens, ou aucun de mes actes n’ont de conséquences, ou plus rien ne me semble réel, mais tout semble recouvert d’un voile, d’une brume qui me laisse croire que je suis dans un rêve, que tout ce que je fais sera effacé une fois la raison revenue, alors je crois a la mort comme une délivrance de mon état. Trop effrayé de rester coincé dans cette prison intemporelle je passe, ou suis prête à passer à l’acte.

Est-ce cet attrait pour le morbide qui me plonge dans ces méandres délirants ? Je ne sais pas. Le fait est que j’y ai déjà pensé, mais mes plongées torturées sont profondément conscientes et contrôlées. Je sais bien que mon désir d’amaigrissement fait parti de cette chaîne, que je joue avec mon corps car il fait parti de ce divertissement pervers. Je manie ma souffrance comme le violoniste son archet, même si parfois mes dosages m’échappent et que je me retrouve brûlé à mon propre jeu. Mais jusqu’où vais-je aller dans ces chemins sinueux vers lesquelles je m’engouffre à côté du monde ? Pourquoi me bâtir ce château fantastique inquiétant ?
« L’inquiétante familiarité » … J’ai encore tant à apprendre …

A.S

samedi 20 octobre 2007

KANE Psychose 4.48

"Je suis triste
Je sens que l'avenir est sans espoir et que tout ça ne peut s'arranger
Je suis fatiguée et mécontente de tout
Je suis un échec total sur le plan humain
Je suis coupable, je suis punie
J’étais capable de pleurer avant mais maintenant je suis au delà des larmes.
J'ai perdu tout intérêt pour les autres
Je ne peux pas prendre de décisions
Je ne peux pas manger
Je ne peux pas dormir
Je ne peux pas penser
Je ne peux pas vaincre ma solitude, ma peur, mon dégoût
Je suis grosse
Je ne peux pas écrire
Je ne peux pas aimer
Je fonce vers ma mort
Je suis terrifiée par les médicaments
Je ne peux pas faire l'amour
Je ne peux pas rester seule
Je ne peux pas rester avec les autres
Mes hanches sont trop fortes
J’ai horreur de mes organes génitaux
A 4H48
Quand le désespoir fera sa visite
Je me pendrais au son du souffle de mon amour"

S.kane

Un zeste d'asile


J’ai toujours aimé les gens décalés.
Je me souviens quand j’avais 16 ans, et que j’ai été enfermée chez les fous, les vrais fous, pas le pavillon des ados, mais celui des « cas psychiatriques aigues ».
Quand le médecin m’a annoncé que, par manque de place je resterais dans ce secteur, j’ai regardé autour de moi, et j’ai eu froid dans le dos. Il y avait des barreaux aux fenêtres, les gens déambulaient dans les couloirs ternes en poussant des hurlements, des grognements, des petits cris cathartiques comme des bêtes enfermés. Et moi j’atterrissais là sans trop savoir quelle crime j’avais commis pour être incarcéré de la sorte.
Et puis j’ai découvert un monde, des personnages, des êtres qui, si on prenait la peine de creuser derrière leur aspect rebutant, avaient tout un univers.

Il y avait Marie-Hélène, qui m’a le plus touché. Je me demande bien quel âge elle pouvait avoir, d’après son physique, c’était indescriptible. Elle déambulait avec une démarche de primate, les bras ballants, traînant des pieds comme si la misère du monde lui était attachée aux chevilles, les yeux vides et remplis d’un désespoir bouleversant. Elle portait un ensemble de jogging rouge, qui semblait être son seul habit et avait l’apparence d’un gosse et le physique d’une vieille.
Elle ne disait rien, et tout à coup, elle se tournait vers moi en murmurant comme un enfant : « qu’est ce qui m’arrivera quand j’mourra ? » et plongeait son regard hors du temps dans le mien. Les gens avaient trouvé une petite pirouette à sa question existentielle et lui répondaient : « tu deviendras une … » et elle répondait d’une voix trébuchante « p’tite étoile ».
Elle était toujours barbouillé de chocolat, qu’elle engloutissait voracement à tout va, jusqu'à en vomir dans le couloir, et ensuite poussait des geintes les yeux effarés comme si elle craignait un châtiment horrible. Elle se recroquevillait, tel une petite bête traquée, dans un coin, disparaissant presque dans le mur, et cachait son visage avec ses mains.
L’autre phrase qu’elle prononçait était : « mon papa est mort » et là de grosses larmes roulaient sur ses joues et elle restait accablé, inerte, les yeux dans le vague.
Elle était poignante de souffrance.
Parfois quand je la voyais dans le parc, elle venait, me donnait la main, et nous marchions ensemble. J’aimais sa présence parce qu’elle était simple. Je n’avais pas besoin de parler, je ne m’attendais pas à ce qu’elle parle, j’avais juste besoin d’une présence et elle aussi, nous nous complétions ainsi.

Je me souviens du papi pierre.
J’étais allongée sur mon lit, écoutant de la musique les yeux fermés, quand je sentis quelqu’un s’asseoir sur mon lit. J’ai d’abord cru que c’était une infirmière, alors je n’ai pas bougé. Puis la personne ne faisant pas de signes, je me suis relevée, et là, un vieux monsieur tendait les bras vers moi l’air hagard, et prononçait d’une voix sourde : « ma p’tite fille, ma p’tite fille ».
Alors je me suis levée en hurlant, déboulant dans le couloir à toute vitesse et ameutant les infirmières en leur disant qu’il y avait un papi sur mon lit. Elles se sont esclaffées en m'expliquant qu’il était inoffensif, que c’était un vieillard qui avait perdu la tête et qu’il se trompait régulièrement de chambre car il ne se rappelait jamais où était la sienne.
Une autre fois je regardais la télévision, quand soudain, je sens une présence tout près de mon visage et je bondis violement de ma chaise. Il s’était penché derrière moi pour m’embrasser la joue, mais comme je ne l’avais pas vu venir il m’avait effrayé.
Et puis j’étais devenue sa petite fille, et c’était mon papi pierre. Comme il se trompait toujours de chambre, je le ramenais dans la sienne. Une fois je lui ai offert une orchidée, et il est restée dix minutes devant l’air ébahi en murmurant : « c’est beau, comme c’est beau ».
Un quart d’heure plus tard je revenais dans la chambre et son orchidée avait disparue, d’ailleurs il ne se souvenait plus que je lui en avait donné une.
Lui aussi on aurait dit un enfant enfermé dans le corps d’un vieillard.

Il y avait le grand Jacques. C’était un clochard, aux ongles immenses et jaunes, au physique digne des personnages de l’expressionnisme allemand, un nosferatu, un césar de Caligari, les cheveux en bourrasques grises électrocutés de cent milles watts, l’œil fou, la démarche hallucinée, il rugissait des insultes possédé par je ne sais quel hargne.
Il m’impressionnait, il me faisait peur, mais il était bon au fond.

Le jeune Alexandre. Il avait vingt ans à peine. Un grand roux au teint pâle qui était muet. Il me parlait en langage des signes que je ne comprenais pas mais que je tentais d’apprendre. Il ne pouvait pas parler, mas il pouvait émettre des sons et pour attirer l’attention il gloussait lorsqu’il voulait s’exprimer ou mieux se faire comprendre.
Il était là pour viol. D’ailleurs on m’avait bien averti de ne jamais me retrouver seul avec lui. Il était inquiétant et fascinant. On lui aurait donné le bon Dieu sans confession, jamais on aurait pu imaginer la raison pour laquelle il était ici.
Il était en cellule, dans une chambre fermée à clés et double porte. Sa porte de cellule, qui était derrière une double porte de renfort, avait une lucarne qui donnait sur le couloir et il nous regardait passer, l’œil collé à la vitre, alléché pour le peu de liberté en plus que nous avions, ou alors, comme une distraction monotone. Parfois une infirmière mal intentionnée lui fermait la double porte, celle du couloir, ce qui lui bouchait la vue du dehors, alors il poussait une longue plainte aiguë, comme celle d’un loup, pour qu’on la rouvre. J’étais souvent tenté de le faire mais je savais que je risquais d’être punie sévèrement.
Parfois la nuit je l’entendais gémir longuement et sa plainte me glaçait. Je partais dans des élucubrations nocturnes. Je regardais ma fenêtre grillagée, la nuit dense, l’air opaque, je tendais l’oreille à ces bruits angoissant et alors j’avais conscience d’appartenir à un autre monde, d’être isolé de la réalité.

Il y avait le vieux aux tics, qui pendant des heures effectuait les mêmes gestes rituels de frottements. Il se frottait le nez, les joues, les bras l’un après l’autre et recommençait indéfiniment. Il était comme un balancier dans la pièce qui rythmait le temps par sa monomanie. On en finissait d’ailleurs par être imprégné de ses mouvements répétitifs au point de les reproduire nous même sans y faire attention.

Leyna était une petite brutale qui courait dans les couloirs en remontant son T-shirt au dessus de sa tête pour nous montrer ses seins tout en gloussant hystériquement de joie. Elle partait alors dans un rire saccadé suraigu et se mettait à quatre pattes et faisait pipi par terre pour parvenir à l’acmé de sa jouissance.

J’ai plus appris sur l’humain, pendant cet internement, que dans toute ma vie. Il faut avoir vu et partagé des moments avec ces personnes, hors de ce qu’on appel malheureusement la « norme », et qui nous enferme dans une caste sectaire, pour pouvoir goûter à la simplicité des moments d’une vie ailleurs, une vie qui fait partie de ce monde mais que l’on récuse, qui dérange. Les gens qu’on dit « fous » et qu’on cloisonne dans un espace intemporel pour protéger les biens pensants, les partisans d’un moule, effrayés de la moindre bizarrerie, seront toujours plus proche de l’être et de la vie.
Je rejetterais toujours la normalité pour me fondre dans l’anormalité.


A.S

dimanche 14 octobre 2007

Corps ne m'use

Je m’encorde en ficelle dans une carcasse d’eau
qui se liquéfie vasquement dans un tourbillon de marée mensongère de mensonges mareyeurs
qui noient le poisson dans une baudruche épuisée ballottante ballottée
cette besace qui me pend là qui enfle et s’enfle et s’enflamme
et me blâme j’arracherai mon essence je m’évanescente en onde naissante
mon air s’échappe j’étouffe je me noie dans l’indicible
je ne suis plus qu’un tube
un vice-air
mes sphincters se relâchent
je racle mon pylore je me fais monogastrique
et m’enfonce dans l’immanence
dans le non-dit
le non vierge
ma religion se déploie en bas dans mes sécrétions que je panse bêtement
je suis reliée à l’au-delà par le fil de ma viande
je me dépasse moi-même
je suis nécrophage dans ma recherche vers l’intérieur
bouffée dépecée brûlée par un ulcère lancinant
rongée par l’ordure par l’organe du repu
je m’écorche je me croche à corps perdu
je crache ma carcasse ivre de vide avide
de vie amère de rien
tue moi
tu moi
message émis à l’au-delà pour un défunt des faims

A.S

dimanche 7 octobre 2007

samedi 6 octobre 2007

Comment t'appelle tu? Anaïs, comme Anaïs Nïn


14 janvier 1934


« Je me sens tout à fait capable désormais de tenir un carnet de notes, qui ne contiendrait que le matériau non employé dans les romans, cette quintessence humaine qui s’évapore toujours, ce que la femme en moi peut saisir et aimer et qui n’a rien à voir avec la matière travaillée par l’artiste.

Je n’écrirai jamais ici quelque chose qui pourrait faire partie d’ « Alraune » ou du « Double », ou de mon roman. Je n’écris pas tout dans mon carnet de notes.


Or, je ne peux glisser le portrait de Rank dans aucun des livres que j’écris en ce moment - et ce portrait me hante, me trouble pendant que je travaille au roman. Il faut que ce portrait soit écrit.

Portrait de Rank* : Impression de finesse, de vivacité, de curiosité, de spontanéité. Le contraire des formules toutes faites, mécaniques, automatiques. Impression qu’il est toujours sur le point de créer, qu’il voit au-delà des détails au lieu de les prendre pour base. Le sentiment qu’il s’attache aux différences plus qu’aux ressemblances entre les êtres humains ; il a su exprimer en mots ce que j’avais moi-même pensé ; impression de vivre avec lui une aventure intellectuelle tout à fait unique. La flamme qu’il donne à tout cela, comme s’il ressentait comme moi l’immense ivresse que peuvent procurer les aventures, les explorations et les joutes de l’esprit. Il en retire de la joie. Cette intense activité mentale et cette joie m’ont aussitôt délivrée de mes obsessions des douleurs de chacun, de cet épouvantable nœud névrotique qui entraîne toutes nos facultés dans un cercle vicieux.


J’ai ressenti aussitôt une impression d’espace, d’air, de mouvement, une vitalité, une joie, la joie de deviner, d’observer, de détecter, la joie devant l’immensité de son esprit. La finesse, la dextérité, la puissance musculaire. Les brusques changements de ton de son esprit. Le rythme rapide de sa pensée, parce qu’elle est intuitive et subtile. J’ai confiance en lui. Je lui confie la vérité, ce qui m’arrive si rarement. Je veux vraiment lui offrir cela. Je sens chez lui une intelligence que la sensibilité a rendue clairvoyante. Je sens un artiste en lui. Je lui dis tout. Il ne me dissocie pas de mon travail. Au contraire. Il m’appréhende à partir de mon travail. Il sait déjà tout du conflit contre lequel j’ai eu à me débattre. Il sait que je voulais rompre avec Père et avec Hugo pour vivre courageusement avec Henry. Il sait que j’ai peur de la folie. Il sait tout du journal […]

Je suis complètement entre ses mains. C’est incroyable. Il m’a demandé de ne pas faire de commentaire sur l’analyse, car cela reviendrait à me mettre à l’abri. Il a si vite compris le rôle de refuge que jouait le journal, et aussi d’interlocuteur avec lequel je dialogue, ce qui me permet de résister à l’envahissement du moi. Il a compris à quel point le journal était une coquille protectrice, une arme défensive. Mais il a également compris qu’il contenait la vérité ; et cette vérité que je me sentais obligée d’exprimer quelque part, je pouvais la lui dire, à lui, parce que je l’avais écrite dans ce journal qui était désormais entre ses mains. Je parlais donc à Rank comme je parlais à mon journal […] Il m’a semblé qu’il avait aussitôt mis l’accent sur l’essentiel. Le journal et mon père - le lien entre les deux. Il s’est mis à me parler du thème du Double de manière très subtile, allant encore plus loin que dans son livre Don Juan : une étude sur le double, abordant le sujet sous des aspects très différents. A dit tout d’abord que j’avais écrit le journal afin de remplacer mon père, tout en imitant mon père, inconsciemment, en m’identifiant à lui. M’a dit que mes tendances lesbiennes étaient probablement plus imaginatives que physiques, qu’elles étaient dues à cette identification au père. Le journal est donc ce besoin de réparer une perte, de remplir un vide. Puis peu à peu, le journal devient dans mon esprit un personnage, que je confonds ensuite avec l’ombre, mon ombre** (mon Double !) avec laquelle je vais me marier… »
A.Nïn

à l'approche d'une tempête au pays dogon ...




cosmogonie dogon



Les Dogons croient en un dieu unique, Amma. Il créa la terre et en fit son épouse qui lui donna un fils, Yurugu ou le « Renard pâle ». C’était un être imparfait qui ne connaissait que la première parole, la langue secrète sigi so. La terre donna ensuite à Amma un couple d'enfant jumeaux appelés Nommo. Ceux-ci étaient à la fois mâle et femelle. Maîtres de la parole, ils l’enseignèrent aux huit premiers ancêtres des hommes, 4 couples de jumeaux, nés d'un couple façonné dans l'argile par Amma.
Les Dogons considèrent que l’origine du monde vient d’une étoile nommée Digitaria, voisine de
Sirius (appelée Sigui tolo).

Ô pré-cieux jardin ...







oh que j'aime tes soirs de mélancolie ... est ce déjà le paradis ?

m'man ... songe ...

J'ai tué l'amour
Parce que j'avais peur,
Peur que lui n'me tue
A grands coups de bonheur.
J'ai tué l'amour.
J'ai tué mes rêves.
Tant pis si j'en crève.










Dans les yeux de ma mère



Ma mère elle a quelque chose

Quelque chose dangereuse

Quelque chose d'une allumeuse

Quelque chose d'une emmerdeuse


Elle a des yeux qui tuent

Mais j'aime ses mains sur mon corps

J'aime l'odeur au-dessous de ses bras

Oui je suis comme ça


Dans les yeux de ma mère

Il y a toujours une lumière

Dans les yeux de ma mère

Il y a toujours une lumière


L'amour je trouve ça toujours

Dans les yeux de ma mère

Dans les yeux de ma mère

Il y a toujours une lumière


Ma mère elle m'écoute toujours

Quand je suis dans la merde

Elle sait quand je suis con et faible

Et quand je suis bourré comme une baleine


C'est elle qui sait que mes pieds puent

C'est elle qui sait comment j'suis nu

Mais quand je suis malade

Elle est la reine du suppositoire


Dans les yeux de ma mère

Il y a toujours une lumière

Dans les yeux de ma mère

Il y a toujours une lumière


L'amour je trouve ça toujours

Dans les yeux de ma mère

Dans les yeux de ma mère

Il y a toujours une lumière


Ma mère a quelque chose

Quelque chose dangereuse

Quelque chose d'une allumeuse

Quelque chose d'une emmerdeuse


Dans les yeux de ma mère

Il y a toujours une lumière

Dans les yeux de ma mère

Il y a toujours une lumière

Dans les yeux de ma mère.




Arno