samedi 30 septembre 2006

lettre kafk'aie-haine

Ma bouche n’arrive plus à sortir les mots qui restent coincés au fond de mon gosier comme une plaie. Tout comme j’ai besoin de mes mains pour m’extirper ces violentes giclées acides, j’ai besoin d’elles aussi pour laisser s’échapper ces maux coulants. Tu me pose des questions et je ne peux y répondre, voilà donc ce que mes mains t’apportent. Ces giclées acides de maux, j’espère ne t’éclabousseront pas trop, mais répondront à tes incertitudes. N’y vois pas un cri de désespoir, mais une tentative désespérée de me débattre à la lumière, un au secour étouffé par ma propre force de m’en sortir, un cri allié à la lueur.
Je te demanderais, s’il te paît, de répondre par écrit, si réponse il y a. Je n’arrive plus à m’exprimer à l’oral, car les mots après avoir traversé ma pensée, restent bloqués devant ma paroi buccale. Et ma bouche se déformant comme pour mettre à terme, se retrouve dans la perplexité de l’inachèvement de l’information. Tu vois je voudrais dire "je t’aime "tout simplement, et ces mots si doux ont du mal à traverser les lieux.
Cet organe de mon être est déjà trop meurtri, brutalisé et violenté afin de faire évacuer ma rancœur.
On ne peut pas blâmer l’anorexie, la boulimie. Elles ne sont que le résultat d’une recherche de mon être à récupérer son due. Je ne veux pas te blâmer. Tu as choisi de t’effacer devant maman et sa souffrance béante. Seulement vous avez laissé une enfant aux proies des ombres et le seul monstre qui pouvait être sous mon lit se trouvait dans la pièce a côté.
C’est une enfant de quatre ans qui s’est faite piétiner et broyer. Un bourgeon, arrosé à l’acide citrique d'alcool, qui a fané. C’est, je crois, ce que l’anorexie essaye de récupérer maladroitement, cette enfant meurtrie, afin de la faire renaître en décomposant/recomposant l’enveloppe charnelle.
C’est un retour en arrière dangereux pour mieux revenir en avant. Je vous blâme tous deux de n’avoir su préserver cette enfant. Surtout elle, de m’avoir prise pour son sauveur, de m’avoir fait porter encore fœtus inachevé le poids de sa douleur. Et toi de n’avoir eu conscience que trop tard de la situation.
Je n’écris pas ça pour "blâmer ", mais j’ai besoin que mes maux s’évacuent autrement que par ma bouche qui est en grève provisoire pour cause de dégradations.
A.S