dimanche 4 mars 2007

Laissez les morts enterrer leurs morts


Laissez les morts aller enterrer leurs morts
ne les aidez pas
laissez les morts prendre soin des morts
laissez les ensemble,
ne les servez pas.

Les morts dans leurs mains sales de morts
ont des monceaux d'argent,
ne les prenrez pas.
Les morts dans leurs cerveaux grouillants
foisonnent de mots blancs phosphorescents,
de sagesse pourrie et de sapience qui puesubtilement;
ne les croyez jamais.

Les morts sont myriades, ils ont l'air puissants.
Ils font siffler les trains, ricaner les voitures, cahoter les bateaux,
moudre les moulins encore et encore,
et vous gardent par millions aux moulins, esclaves pâles et
aveugles
pendant que ce sont là les moulins de Dieu.

C'est le grand mensonge des morts.
Les moulins de l'industrie ne sont pas les moulins de Dieu.
Et les moulins de Dieu moulent autrement, par les vents de la vie
et pour les meules.
Faites confiance aux moulins de Dieu bien, qu'ils moulent extrêment fins.
Mais comme pour les moulins de l'homme, ne leurs soyez pas attelés.

Les morts donnent des bateaux et des machines, le cinema, la radio et le gramophone,
ils envoient des avions à travers le ciel,
et ils disent, maintenant voyez! vous vivez la vrai vie!
Pendant que vous écoutez, pendant que vous regardez le film ou conduisez une voiture,
pendant que vous lisez une page sur des vaisseaux de l'air traversant l'atlantique
sauvage voyez! vous vivez la vraie vie, La vie prodigieuse!

Comme vous le savez c'est du pur mensonge,
vous tombez tous morts, cadavres pâles,
à écouter le mensonge,
crachez le.

Oh! cessez d'écouter les morts-vivants.
Ils sont simplement avides de vôtre vie!
Oh, cessez de travailler pour les morts aux dents en or;
ils sont si avides, pourtant si demunis si on ne travaille pas pour eux.
Ne soyez jamais bon pour les morts au sourires pleins de dents
ne soyez jamais bon pour les morts,
c'est se vendre à des cadavres,
à des ports répugnants, vivants et gras.

Enterrez gentiment un homme si il est couché dans la mort.
Mais avec les morts qui se promènent et parlent, et sont conventionellement persuasifs,
avec compte bancaire et police d'assurance,
ne sympathisez pas, sinon vous infectez les bébés encore à naître.

D.H Lawrence

vendredi 2 mars 2007