lundi 24 novembre 2008

le passé


Un homme aimait une femme qui était morte. Il y avait cette femme pendue à un arbre. Et cet homme qui la regardait, la regardait, la regardait. Des jours, des nuits passèrent et les feuilles tombèrent, des feuilles rouges qui s’étaient abreuvés de sang. L’homme vidé de larmes quitta les lieux emportant en lui le corps de la morte. Il en rencontra une autre qui elle aussi portait un corps défunt. Ils exhumèrent leurs morts, firent fondre un masque qu’ils se placèrent sur le visage. L’un aima l’autre sans le voir. Ils firent un enfant qui se dégageât tant bien que mal des tombes. Il était encombré par ses décombres de cadavres et s’exprimait dans un langage obscur. Il y avait des os dans sa cervelle. Ses mots étaient des petits paquets sans sens. Il chantait le langage des signes, chaque parole symbolique était un fil qu’il tirait de sa tête dans laquelle la ficelle s’emmêlait et faisais des nœuds. Il nouait sa pensée en tresse qui se chevauchait en zigzagant, labyrinthique esprit qui à l’envers faisais des vers, asticots se tortillants dans le songe. L’étrange enfant dérangeait. Il refusait le réel et s’accrochait au rêve avec les ongles et les dents. Il mangeait le silence, s’abreuvait de la nuit, suçait des étoiles, léchait les rives ondoyantes où se reflétait la lune et le jour venu s’engouffrait dans le sol et s’enterrait vivant, se terrait et déterrait sous les yeux atterrés de ses parents. Eux abattus se débattaient dans la consternation et conspirèrent contre le chérubin difame.

Aucun commentaire: