mercredi 1 décembre 2010

mirioir à l'envers

J'me rappel quand il était deux heures du matin et que j'regardais par la fenêtre,qu'on voyait comme maintenant d'la neige partout, des flocons qui tremblaient de là-haut comme si le ciel me disait : « t'inquiètes, j'comprends ... ». J'avais le coeur en vrac, j'transpirais encore la téquila d'la veille, l'odeur d'un gars ou un autre qui m'collait à la peau et que j'essayais d'm'arracher avec les ongles et les dents. Et puis quand j'fragmentais trop hors de moi-même, mes sentiments qui m'déboussolaient, j'avais les jambes qui fuyaient dehors. J'm'entrechoquais aux lampadaires qui m'pissaient leur lumière jaune dessus, mon eye-liner me dégoulinait sur les joues, j'voyais la nuit en rose à travers des yeux cirrhosés et j'avais une envie d'm'ouvrir les veines avec un pistolet à clou. J'mirais les fenêtres éclairés enchainée dans mon créneau horaire: 2h à 6h. J'avais les toits de voiture en guise de siège automatique dans ma tête ça faisait déclic et j'm'envolais vers les étoiles, ça tournait une bourrée bretonne à trois temps d'une bourrée pas bretonne qui perdait son temps. P'tin même si c'était pas la vie, la quête d'amour, ben c'est beau quand-même. Mais dans la déchéance tu perds toutes tes chances de te trouver, parce que c'est toi qui t'perds ! Tu t'perds tellement que tu scotches ton visage au verso de ton esprit, t'as retourné la glace et tu bouffes le miroir par les deux faces. T'es là, toutes les nuits, à mettre le visage dans les cheveux de quelqu'un qui sait même pas comment tu t'appelle juste parce que seule dans un lit c'est comme si t'avais plus d'peau et que le matelat t'avait déjà engloutit. J'veux pas mourir seule, enterrée par le sommier dans mon sommeil. Mais au bout d'un moment t'as tellement été mordu dans l'aorte que tu t'répètes dans ta tête « j'n'ai pas d'amour et j'parle pas, j'n'ai pas d'amour et j'parle pas … » et ça s'répète, ça s'répète et tu t'entête et l'disque tourne jusqu'à ce que t'essaye d'imprimer la leçon pour plus bouffer du ragoût d'amour empoisonné de belles paroles qu'on t'a servi sur un plateau, où, caché sous la cloche, il y avait marqué : « c'est juste pour la nuit ». Mais toi t'étais affamée, t'as même pas regardé ce qu'il y avait marqué. Et puis t'es là, tu fais la fière et tu commence à ressembler à une peinture entachée de vieilles croûtes que tu prétends maquiller derrière une 7è couche de mascara diluée au vin. Mais dedans c'est un picasso qui s'joue en cubisme décomposé de croches de pianos qui s'accrochent aux tripes à chaque fois que t'éclates de rire … mais t'en sors quand même toujours une bien bonne l'air de rien. Et ça joue la symphonie de « La jeune fille et la mort » de Schubert dans ton bide et personne n'entend rien et tu chaloupes tu chavires faut pas charier coco!, mais bon tes là pour ça toi, t'es une fille comme ça, celle qui s'en fout, celle qui est légère, celle qui s'envole dans les bras des gars parce qu'elle aime ça … enfin c'est ce que tu fais croire …
C'est toujours la même morsure de dedans, ce deux qui passe à un, que ce soit d'une nuit ou d'vingt ans …

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